Histoire des églises protestantes de Frênes (Orne) |
L'histoire du protestantisme se divise en cinq grandes périodes
:Dans les années 1555 à 1562, de nombreuses églises réformées sont "dressées" en Basse-Normandie comme elles l'ont été à Alençon, Caen, Saint-Lô etc. A Vire (aujourd'hui chef-lieu d'arrondissement du Calvados) le pasteur Guillaume Feugueray exhorte la population à adhérer à la Réforme dans léglise Notre-Dame (1562). Le ministre jersiais Germain Berthelot évangélise le "Bocage normand" (qui correspond approximativement à l'ancienne élection de Vire). Il prêche à Sainte-Honorine-la-Chardonne, Athis, Ronfeugerai, Berjou, La Carneille, Taillebois, Fresnes, Domfront, Flers, La Selle-la-Forge, Saires-la-Verrerie (communes qui sont maintenant dans l'Orne), Condé-sur-Noireau etc. Vire est le théâtre de violents combats. Plus de 200 huguenots y sont massacrés (6-8 sept. 1562). Des catholiques, notamment cinq cordeliers, sont sauvagement assassinés par les troupes de Gabriel de Montgommery, chef des protestants bas-normands (1er sept. 1568). Plusieurs abbayes et églises sont saccagées et pillées. Lédit de Nemours (1585) met fin à la septième guerre religieuse : "Il fait aller à la messe trois fois plus de protestants quen avait fait la Saint Barthélémy" (selon Agrippa d'Aubigné). Les cultes interrompus entre 1585 et 1589 reprennent.
Le vicaire de Fresnes aurait lui même poussé ses fidèles à se convertir à la religion calviniste. Des prêches sont établis, semble-til, dans un premier temps, en plein air sur les terres de Jean Le Harivel, écuyer, sieur du Gassel, au lieu-dit situé au dessus du village de La Rivière qui s'appellerait depuis cette époque: "Le Temple". |
Vue sur La Rivière depuis le lieu-dit Le Temple |
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De 1598 à 1685
LEglise réformée de Fresnes sétendait sur les paroisses de Fresnes, Montsecret, Tinchebray, Saint-Quentin-les-Chardonnets et Saint-Pierre-d'Entremont. En 1670, il y avait encore environ 650 protestants, dont 350 à 400 résidaient sur la paroisse de Fresnes, ce qui représentait près dun quart de la population. Parmi les familles qui ont adhéré à la Réforme, citons à Fresnes des Bazin, Buffard, Chrestien, Desert, Fourey, Gallier, Guitton, Leboucher, Leconte, Lelièvre, Martin, Onfrey, Pelluet, Prunier, Rocher, du Rosel, Sorel, Thoury et Yver, à Montsecret: des Chantrel, Dumont, de Fourré, Fossard, Gallier, Pelluet, Postel, du Rosel, Yver, à Saint-Quentin-les-Chardonnets: des Buffard et Lelièvre, à Tinchebray: des Boille, Duchemin, Fleury, Gascoin, Guérin, Le Page, Pellier, Poret, Sorel et Thoury etc. Cinq années avant la révocation de lédit de Nantes, Louis XIV interdit "pour toujours lexercice de la religion prétendue réformée audit lieu de Fresnes et village de la Torrière" et ordonne la démolition du temple (arrêt du 31 mai 1680). Après sa destruction, les pierres furent réemployées à lédification de la tour, achevée en 1685, de léglise Notre-Dame de Fresnes, la cloche fut récupérée par léglise Saint-Sauveur de Condé, les rentes furent confisquées au profit des hôpitaux de Condé et de Vire et le terrain fut saisis pour devenir propriété de la commune de Fresnes. |
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La tour de l'église fut construite avec les pierres du temple de La Torrière |
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Les protestants de Fresnes sempressent de reconstruire leur temple à La Torrière sur le même terrain, à quelques mètres de celui qui avait été démoli en 1680. Ils achètent à Jacques Thoury le 21 mars 1805 une parcelle de terrain dun are dans le prolongement du cimetière. Lacte précise que le vendeur "souffrira pendant six mois, à partir de ce jour, sur son terrain, les pierres et les matériaux maintenant y existants ...lentrée du temple sur ses fonds, la porte à y pratiquer devant exister du coté du couchant". Ce temple mesurait environ 7,50 m de large par 15 m de long. Il fut desservi par les pasteurs Laurent Cadoret (1804-05), Jean-Paul Bétrine (1807-11), Paul Laval (1811-22), Emile Frossard (1822-37) qui habitaient à Condé, Victor Jaeglé (1837-40) et Louis Taillefer (1840-47) qui habitaient à Athis et par Horace Gourjon (1847 à 1875) qui résidait à Montilly. |
La porte d'entrée de l'ancien temple |
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Des missionnaires méthodistes wesleyens originaires des îles anglo-normandes viennent prêcher le "réveil" spirituel aux protestants de la Plaine de Caen et du Bocage normand. Le premier d'entres eux fut le guernesiais, William Mahy qui prêcha durant la Terreur. Cette "oeuvre dévangélisation" fut poursuivie par P. de Pontavice, A. de Kerpezdron, P. Lesueur, Ch. Cook, W. Toase, H. de Jersey, Ph. Tourgis, J. Renier, J. Lelièvre, H. Martin, Lupton etc. Les "revivalistes" wesleyens et les protestants "orthodoxes" (attaché à la Réforme) s'opposent. Cette rivalité aboutit à la construction d'une chapelle indépendante au village de La Rivière, qui fut consacrée le 31 octobre 1839 par le pasteur Pierre-Serane Barbenson. Cet édifice, encore debout, est le plus ancien que les méthodistes ont construit en France. |
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L'ancienne chapelle méthodiste à La Rivière
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Le culte fut célébré dans cet édifice par P-S. Barbenson, G. Leale, P. Lucas, Frédéric Prunier, L. Bénézet, P. Marseille, Ph. Adair, A. Guitton, Onésime Prunier, Ch. Blampied, M. Prugnard et George Schefter etc. jusquen 1882. Le pasteur méthodiste Frédéric Prunier né et décédé à Fresnes (1818-1892), vivement attaché à la religion réformée qui fut celle de ses ancêtres, prêcha lentente cordiale entre protestants "orthodoxes" et "revivalistes". Il réussira avant de mourir à réconcilier ces deux communautés. |
Le pasteur Frédéric Prunier
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Une école primaire privée protestante fut créée au village de
La Rivière en 1843. Elle fut dirigée par Joseph Née (1843-46), Frédéric Guillemot
(1847-1880), Gédéon Hardouin (1880-85) et Abel Hardouin (1886-94). Lécole compte
30 enfants (12 garçons et 18 filles) en 1889. La municipalité la fit fermer en
1894. On dénombrait 203 protestants en 1804, 225 en 1848, 188 en 1895. |
A gauche, l'ancienne école protestante (1847-1880) |
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Le pasteur Horace Gourjon |
Un nouveau temple fut construit à La Rivière, au centre de la population huguenote au croisement des routes de Flers à Fresnes et à Tinchebray, à quelques mètres de lécole sur un terrain donné par le pasteur Horace Gourjon (1808-1895) originaire de Condé. La dédicace eut lieu le 17 août 1869. Le temple de La Torrière fut démoli "hormis la porte dentrée et les pierres qui lentourent" (1871) que l'on peut encore voir. |
De 1905 à 2005
Après la séparation des Eglises et de l'Etat, les postes pastoraux furent supprimés lun après l'autre. LEglise réformée de Fresnes fut rattachée à lEglise de Vire en 1920, à celle dAthis en 1946. Les cinq Eglises du Bocage (Athis, Condé-sur-Noireau, Fresnes, Montilly et Vire) se sont regroupées dans une association cultuelle unique dénommée l "Eglise Réformée du Bocage normand" dont le siège a été établi en 1978 à Condé-sur-Noireau. Un pasteur y réside maintenant par intermittence. Il célèbre encore le culte dans le temple de La Rivière, les dimanches au mois daoût, aux descendants des protestants fresnois qui se retrouvent en villégiature dans leurs maisons familliales. La population réformée, très minoritaire a presque complètement disparu après la guerre de 1939-1944, attirée par les villes ou absorbée par la masse à l'occasion des mariages religieux mixtes et la désaffection pour la religion. La paroisse réformées de Fresnes ne vit plus que dans les souvenirs et dans l'histoire.
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Notes et photographies extraites de l' "Histoire des Eglises réformées du Bocage normand (1547-1909)" non publiée, par Jacky Delafontenelle.
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jacky@delafontenellePour plus d'information sur l'
Histoire de l'Eglise réformée en France cliquer.Mise à jour le 15 sept. 2004 |